Venise, San Giorgio Maggiore dans un décor imaginaire.
1744. Signature sur les fondations à l'extrémité droite : « ACANAL F. » (A et C entrelacés). Canaletto nous livre ici une description précise de la basilique San Giorgio Maggiore, le plus important projet religieux de Palladio. Il la prive néanmoins de son campanile et des marbres blancs de sa façade, et la situe dans un cadre imaginaire. La restauration de cette toile a apporté de nouveaux éléments de compréhension de la technique et de la pensée créative de Canaletto. Il étend à la spatule ou au couteau le rouge de la préparation et le rose de l'apprêt, et s'aide de la règle et du compas pour construire sa composition. Puis, il applique la peinture des architectures à coups de pinceau larges et rapides, en estompant à la brosse les contours des détails. Enfin, il place les personnages : les lignes des architectures sont encore visibles à travers les corps. Dans ces peintures monumentales destinées à être vues de loin, Canaletto ne prend pas la peine de dissimuler les repentirs. Ainsi, sous la lanterne au sommet de la coupole, on distingue la forme qui lui avait été initialement donnée, nettement plus petite.