Le mur de la Peste.
À son arrivée Chataud se soumet aussitôt au rituel des questions du bureau des intendants de santé, ce jour-là placé sous la responsabilité d’un notable du nom de Tiran. Les patentes de ses trois escales sont nettes. Il informe également les intendants des neuf décès, tout en produisant le document du médecin italien. Sur sa déposition on note une précision, griffonnée à la va-vite comme quoi les morts sont dus à de mauvais aliments. Le 27 mai, deux jours après son arrivée à Pomègues, le navire enregistre un dixième mort à bord. Un premier ordre lui adjoint de faire le jour même voile vers la quarantaine de Jarre mais un contrordre parvient dans les heures qui suivent, il doit aller à la quarantaine de la Grande Prise, plus proche de Marseille. Le 29 mai, les autorités décident que les marchandises seront débarquées aux Infirmeries. Certaines marchandises seront envoyées à l’île de Jarre pour faire leur sereine, période de 26 jours pendant laquelle on expose les marchandises au soleil et à la bienfaisante rosée du soir. Le 3 juin, les autorités décident de débarquer débarquer toutes les marchandises aux Infirmeries où les passagers sont autorisés à sortir dans Marseille. La cargaison du Grand Saint-Antoine est une promesse de travail pour les portefaix et les ouvriers du textile. D’autre part, la foire de Beaucaire, qui va se tenir dans la deuxième quinzaine de juillet, représente un débouché important pour les commerçants marseillais, en particulier l’échevin Estelle.