L’apothicairerie de l’Hôpital de Lodève.
La thériaque est un célèbre contrepoison rapporté à Rome par Pompée, puis complété par Andromaque, médecin de Néron. S'inspirant du contrepoison de Mithridate, Andromaque va ajouter en vers élégiaques un mélange de plus de cinquante drogues, plantes et autres ingrédients dont le castoréum, l'opium, la vipère et la scille. Au IIe siècle, le médecin grec Galien invente la thériade, qui est le premier antidote contre les poisons à base de jus de pavot.
Préparée par les apothicaires, la composition de la thériaque a beaucoup varié. Celles préparées à Venise et Montpellier étaient très réputées.
Du fait de nombreuses fraudes durant sa fabrication, les apothicaires parisiens décidèrent au XVIIe siècle de la préparer en public devant des médecins et des représentants des autorités. C'est Moyse Charas qui le premier, en 1667, rendit sa formule publique. Il la préparait au cours de la semaine de la thériaque, vers le mois de février. Sa préparation nécessitait plus d'un an et demi (car elle devait fermenter) et faisait appel à plus de soixante-quatre ingrédients végétaux, minéraux et animaux des plus variés, sans compter le vin et le miel : gentiane, poivre, myrrhe, acacia, rose, iris, rue, valériane, millepertuis, fenouil, anis ainsi que de la chair séchée de vipère, de l'opopanax et des rognons de castor. La thériaque, qui passait pour une panacée, devait la majeure partie de son action à l'extrait d'opium qu'elle renfermait (environ 25 mg pour 4 grammes). Elle ne fut supprimée du Codex qu'en 1884.