MARSEILLE AU XVIIIe SIECLE. Les années de l'Académie de peinture et de sculpture. 1753 ♦ 1793
Marseille est au XVIIIe siècle le plus dynamique des ports français et par sa population la troisième ville du royaume. Par son paysage urbain fortement marqué par les grandes réalisations du siècle précédent, Marseille demeure au siècle des Lumières une ville baroque. Le peintre Michel Serre est le parfait exemple de cette continuité. Sa remarquable longévité artistique couvre le règne de Louis XIV, la Régence et le début du règne de Louis XV. Il domine la scène artistique locale jusqu'à sa mort en 1733. Il est enfin l'irremplaçable témoin de la peste qui décime la ville en 1720.
Frappée comme toutes les autres activités, la création mettra plus de temps que d'autres à se relever de la tragédie. Dans la seconde moitié du siècle s'affirme le renouveau du milieu artistique marseillais. Deux personnalités extérieures aux parcours très différents, Joseph Vernet et Michel-François Dandré-Bardon vont y jouer un rôle déterminant. En 1753, dans le cadre de (a grande commande royale des vues des Ports de France, Joseph Vernet s'installe pour une année à Marseille. Sa peinture va connaître un immense succès auprès des peintres et des amateurs et les deux vues du port qu'il exécute sur place vont fixer pour longtemps la façon de représenter la ville. Cette même année est officialisée la création de l'Académie de peinture et de sculpture de Marseille. Le peintre Michel Dandré-Bardon qui en acceptera bientôt la direction, en sera pendant 30 ans l'âme et l'infatigable soutien.
La nouvelle académie était avant tout un lieu d'enseignement et d'apprentissage des arts du dessin. Ses plus brillants élèves remporteront à Paris la récompense suprême auquel pouvait aspirer un artiste, le Grand Prix, qui leur ouvrait les portes de l'Académie de France à Rome et l'opportunité d'une carrière nationale. Elle allait fournir aux célèbres manufactures marseillaises de faïence, d'indiennes ou de toiles peintes un personnel exercé et qualifié. En tentant d'entretenir un réseau d'amateurs ou de mécènes, en assurant l'accueil des artistes de passage, elle voulut favoriser l'ouverture du milieu local à de plus larges horizons. Au cours des quarante années de son existence, l'Académie de peinture et sculpture fut au cœur de la vie artistique marseillaise.