MARSEILLE ROME MARSEILLE
Une terre d'accueil pour les artistes en route vers l’Italie

Une des missions de l'Académie de peinture et de sculpture de Marseille était l'accueil des artistes se rendant en Italie et plus particulièrement à Rome, pour aller séjourner à l'Académie de France. L'article 1er d'un mémoire de 1755 présentant l'établissement formalisait précisément cela : Les élèves peintres, sculpteurs et architectes pensionnés du Roy pour aller étudier à Rome, trouveront à Marseille le moyen de continuer l'étude du modèle, pendant le séjour qu'ils sont obligés d'y faire pour trouver un embarquement et pour attendre les vents favorables pour leur départ, séjour souvent trop long. A leur retour de Rome, ils trouveront encore les mêmes agréments. L'Académie mettait à leur disposition ses salles d'études, la bibliothèque, et leur ouvrait autant que possible, les cabinets des amateurs marseillais. Munis de recommandations, le plus souvent données par Dandré-Bardon, les artistes venant de Paris, arrivaient à nouer des relations artistiques et d'amitié avec leurs confrères Marseillais, comme le prouvent certaines des œuvres réalisées lors de leur passage. Celle de François Vincent : Triple portrait de l'artiste, de l'architecte Pierre Rousseau et du peintre Coclers Van Wick (1775) est sans doute la plus représentative de cet aspect.
Quelques années auparavant, Jean Frédéric-Marc Nattier avait lui aussi profité d'une longue halte à Marseille sur le chemin de Rome pour peindre l'un des professeurs de la toute nouvelle académie qui venait de se créer, Jean-Joseph Kapeller (1753).
De même, d'anciens élèves de l'Académie de Marseille, en route pour Rome après avoir obtenu le Grand Prix, avaient plaisir à s'arrêter à Marseille où ils retrouvaient anciens professeurs, amis et élèves qu'ils n'avaient pas oubliés. Ce sera le cas de Simon Julien en 1763 ou de Joseph Foucou en 1771.
C'est cette même considération pour Rome et les lauréats du Grand Prix qui poussera le négociant marseillais et amateur honoraire de l'académie, Pierre Augustin Guys, à s'adresser en 1779, au nom des intendants de la Santé au directeur de l'académie de France à Rome Joseph Marie Vien, pour qu'il désigne un de ses pensionnaires pour réaliser le tableau de l'autel de la chapelle du Lazaret de Marseille. Vien confiera la commande à David. Le Saint Roch intercède la Vierge pour la cessation de la Peste, sera son premier grand succès critique. Applaudi à Rome, Paris et Marseille son tableau fut finalement présenté dans le bureau de l'intendance sanitaire sur le port afin de pouvoir être admiré du plus grand nombre.