L'UNION DES ARTS ET DU COMMERCE
Marseille possède quantité de manufactures et de fabriques pour l'utilité de son commerce dont les productions exigent qu'ils soient dessinateurs ; telles sont les manufactures d'étoffes de soie, les fabriques de toiles peintes, celles de faïence qui s'y trouvent en grand nombre.
Ces arguments qui figuraient à l'article 4 d'un mémoire remis en 1755 à l'Intendant de Provence, légitimaient économiquement auprès des autorités la création de l'académie. L'enseignement du dessin, qui était un des fondements du nouvel établissement offrait la possibilité de former les artisans de haut niveau nécessaires aux nombreuses manufactures de Marseille.
Les plus importantes par le nombre, la qualité et la diffusion internationale de leur production étaient celles de faïence qui connaissaient alors leur âge d'or. L'adoption de la technique du petit feu au milieu du siècle permettait désormais l'utilisation d'une large gamme de couleurs qui ouvrait au décor toutes les possibilités de la peinture. Inspirés de recueils de gravures, de scènes pittoresques tirées de la peinture de genre italienne ou hollandaise comme des productions galantes de l'art français contemporain, le raffinement de l'ornementation des créations marseillaises contribuait à leur immense succès. On y retrouvait là aussi l'expression de l'engouement pour l'art de Joseph Vernet. Les décors aux poissons sont l'un des motifs caractéristiques de la faïence de Marseille. La série de quatre dessins présentés ici est un des rares exemples conservés de ces modèles qui servirent aux faïenciers. Ainsi le décor d'une assiette d'Antoine Bonnefoy, reproduit-il fidèlement, Poissons, oursins et coquillages.
Les célèbres fabriques de la Veuve Perrin, d'Antoine Bonnefoy, d'Honoré Savy, furent donc étroitement liées à l'histoire de l'établissement. Honoré Savy fut agréé académicien dès 1756 et Joseph II Fauchier en 1778. Jean-Baptiste Coste et Constantin, élèves de l'académie, débuteront leur carrière comme ouvriers faïenciers.
Les manufactures de toiles peintes qui fournissaient les grandes compositions ornant les murs des bastides marseillaises tirèrent également partie de l'institution. Les plus belles toiles peintes, proches de la peinture de chevalet par le soin mis à leur réalisation, pouvaient même être l'œuvre d'académiciens renommés comme Philippe Rey ou Henry d'Arles. Elles reproduisaient à grande échelle ces paysages animés de ruines antiques ou les vues de ports mis à la mode par Joseph Vernet et qu'appréciaient tant les amateurs marseillais.