Londres, la Cité de Westminster vue de la proximité du York Watergate
Vers 1754 Huile sur toile. Au milieu des années 1740, la guerre de Succession d'Autriche perturbe la circulation des élites étrangères à travers l'Europe, et tend à réduire le nombre d'acheteurs potentiels d'œuvres d'art présents à Venise. Canaletto envisage alors de se rapprocher de sa clientèle anglaise. Il n'est pas le premier peintre vénitien à faire le voyage : au début du XVIIIe siècle, Marco Ricci et son oncle Sebastiano, ainsi qu'Antonio Pellegrini, entre autres, y ont séjourné à l'invitation d'aristocrates britanniques rencontrés à Venise. Joseph Smith, ami fidèle et mécène avisé, nommé consul d'Angleterre à Venise en 1744, aide Canaletto dans sa démarche en l'introduisant au sein d'un réseau de nobles britanniques, et en particulier de membres de l'oligarchie whig. Ces derniers apprécient la cité des doges et l'architecture palladienne, mais perçoivent également des échos entre la « république patricienne » à la Vénitienne et leur propre conception politique d'une monarchie contrôlée par l'aristocratie. Ces éléments ne sont sans doute pas étrangers à leur intérêt pour les vedute. Sir Hugh Smithson (1712-1786), futur duc de Northumberland, devient le premier client et le protecteur de Canaletto ; suivront entre autres lord Brooke, futur comte de Warwick, et le duc de Richmond. Les commandes affluent, mais le séjour de Canaletto n'est pas pour autant paisible : il s'attire l'hostilité des artistes locaux, qui cherchent à le faire passer pour un imposteur ou pour son neveu Bellotto, qui a lui-même quitté Venise en 1747. Il se voit contraint d'organiser des séances de peinture en public afin de prouver son identité et son talent.